6 Avril 2020
une vision ensorcelante de l'ultime chef-d'oeuvre de Mozart : un rituel pour le repos des morts, mais aussi une célébration des forces de vie.
Peut-être W. A Mozart a t-il écrit cette oeuvre pour lui même ?
Toujours est-il qu'il ne l'a pas terminée...
Joseph Eybler et Franz Xaver Sübmayr s'en sont chargés.
La mise en scène de Raphael Pichon et Romeo Castelluci nous offre une version saisissante de son requiem.
C'était à Aix en 2019. C'est sur Arte concert. Tandis que s'égrènent sur le mur les noms de centaines d' espèces, animaux, peuples, villes, religions, bâtiments, oeuvres d'art.... disparus - comme un rappel de l'irrémédiable et du gâchis parcouru; des choristes jeunes et moins jeunes offrent des tableaux spectaculaires - entre vision chrétienne et fête païenne, entre ode à la vie et terreur de la mort, entre danse folklorique et ultime danse macabre. Une vieille femme est engloutie dans son lit, une fillette maculée de pigments est suspendue sur un mur, un garçonnet joue au ballon avec un crâne, de jeunes parques dansent... La blancheur immaculée du plateau de scène initial, redressé, souillé par la terre, les peintures et déjections se mue en une immense toile putride. Hommes et femmes sont nus. Tableau final.
Pour les latinistes - "requiem" est la forme à l'accusatif de requies qui signifie repos. Accusatif: le ton convient aussi à l'humanité qui malgré son génie, envisage et programme sa propre disparition et la destruction systématique du monde.
Prenons soin de tout et de tous, de nos proches et de notre environnement avant que le gouffre ne nous engloutisse à notre tour, dans une facultative "dies irae" et un "lacrimosa" général.
Et célébrons avec Mozart les forces de vie.
https://www.arte.tv/fr/videos/088454-001-F/requiem-w-a-mozart/