18 Mars 2024
Se déguiser en soi-même, c’est impossible. Il suffit, pour le comprendre, de se pencher sur l’étymologie du mot. Dans déguiser, il y a le mot guise, qu’on trouve dans l’expression faire à sa guise, c’est-à-dire faire à notre manière, faire selon notre goût.
Se déguiser, c’est littéralement sortir de sa guise, sortir de notre manière d’être et donc finalement, choisir d’être quelqu’un d’autre.
Se déguiser, c’est donc une occasion temporaire de sortir de sa condition, d’avoir la vie que l’on n’a pas, ou du moins de se l’imaginer.
Au Moyen Âge, le carnaval était vraiment cette occasion d’être tout ce qu’on n’est pas : les hommes se déguisaient en femmes, les femmes en hommes, les paysans se prenaient pour des rois… Tout était permis.
C’était une forme de soupape, mais qui faisait d’une certaine manière aussi le jeu du pouvoir, en permettant au peuple d’évacuer toute sa frustration liée à ses conditions de vie difficiles, tout en l’exprimant d’une façon inoffensive pour le pouvoir.
Pour le philosophe français Jean-Paul Sartre, nous passons le plus clair de notre temps à jouer un rôle qui n’est pas le nôtre ; il appelle cela : la mauvaise foi.
Nous tentons continuellement de coller à une essence, à une image, à une identité qui nous échappe.